La mouvance centriste se déchire à plaisir, mais le Centre se revendique enfin comme tel avec un programme, des arguments centristes clairement définis, et gagne l’élection présidentielle, contre la gauche socialiste de Mitterrand.
La France, naturellement centriste, se reconnaît comme telle, l’espace d’un septennat.
À feuilleter pour tout savoir.
« La France souhaite être gouvernée au centre. »3088
Idée-force, idée simple, mais paradoxe apparent, dans un pays fortement bipolarisé, gauche contre droite et vice versa. Giscard d’Estaing, seul président centriste, déclinera ce thème tout au long du septennat : La France souhaite, veut, doit être, sera… gouvernée au centre.
Il oppose le schéma politique national à la société réelle, telle qu’il la sent : « Je crois que les Français verront leurs problèmes tout autrement le jour où ils verront la France, la société française, comme constituée par un grand groupe central avec des ailes, au lieu d’avoir l’idée qu’elle est constituée par deux grands blocs antagonistes, se divisant d’ailleurs, et se partageant la France en deux… Et quand je dis que la France souhaite être gouvernée au centre, je veux dire par là que la France souhaite être gouvernée selon le centre, c’est-à-dire selon les conceptions de ce grand groupe central » (interview du 14 octobre 1976 sur l’avenir de la société française, « L’Événement », ORTF).
Inlassablement, il redira ce que doit être sa politique : « J’entends me tenir à la ligne du juste milieu. Celle de la synthèse des propositions, de la rencontre des hommes, de la mobilisation des forces pour aider la France, et non pour déchirer la France. Ce n’est pas une ligne neutre. C’est une ligne de paix et d’entente, à suivre avec beaucoup de soin dans ces temps de tempêtes » (Déclaration à la Foire de Lyon, 23 mars 1980).
Cependant que Mitterrand, chef de l’opposition, attend son heure. Venu de la droite française, il se pose en homme de gauche, contre la droite et contre « le centre, variété molle de la droite ».
« Je gouverne et gouvernerai la France au centre […] et sachez que la main tient la barre. »3163
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), réunion de presse, 4 décembre 1975
Sous le gouvernement Chirac et pendant que s’affirme la gauche unitaire, les distorsions s’aggravent, entre le président et sa majorité naturelle. L’UDR domine à l’Assemblée et Giscard n’a qu’un seul noyau inconditionnel, le RI, parti des Républicains indépendants : soit 60 députés. Reste le centre, flou, mouvant, divisé : la renaissance du radicalisme qui fit les bonnes (et moins bonnes) années de la Troisième République n’aura pas lieu.
« Toute la droite est enfin au centre, merci mon Dieu ! »3164
Georges WOLINSKI (1934-2015), Giscard n’est pas drôle (1976)
Vœu non exaucé : gouverner devient de plus en plus difficile pour le président. L’humoriste de gauche écrit sur le même ton pseudo-giscardien : « Les Français vont être si surpris de voir qu’ils sont si nombreux à voter pour la gauche que la prochaine fois, ils voteront à droite afin de barrer la route à leurs propres suffrages. » Cependant que VGE le centriste peine à maintenir sa ligne droite.
« J’entends me tenir à la ligne du juste milieu. Celle de la synthèse des propositions, de la rencontre des hommes, de la mobilisation des forces pour aider la France, et non pour déchirer la France. Ce n’est pas une ligne neutre. C’est une ligne de paix et d’entente, à suivre avec beaucoup de soin dans ces temps de tempêtes. »3194
Valéry GISCARD D’ESTAING (1926-2020), Déclaration à la Foire de Lyon, 23 mars 1980
Un an avant l’élection présidentielle, dans une interview à L’Express (10 mai 1980), le président estime avoir réalisé les trois quarts de ce qu’il souhaitait faire, malgré les divisions de la droite, les deux chocs pétroliers, l’agitation des jeunes, l’opposition des syndicats. Divers sondages le donnent largement vainqueur face à la gauche (Rocard et plus encore Mitterrand). Cela ne peut que l’encourager à persévérer dans sa « ligne du juste milieu » et son centrisme réformateur. Mais « l’affaire des diamants » écorne irrémédiablement (et injustement) son image.
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