Révolution : « Tout condamné à mort aura la tête tranchée. ». La guillotine marque un progrès dans l’exécution de la peine, c’est l’égalité devant la mort. Mais la justice politique dégénère fatalement et aboutit à la Terreur, spectacle de choix pour le peuple. La liste des victimes tourne au Bottin mondain - florilège des mots de la fin en index de l’Histoire en citations. Le roi est le plus illustre guillotiné.
À feuilleter pour tout savoir.
« La machine immortelle […] : la mécanique tombe comme la foudre, la tête vole, le sang jaillit, l’homme n’est plus. »1403
(1738-1814)
Le Cabinet secret de l’histoire (1908), Augustin Cabanès.
Médecin philanthrope, professeur d’anatomie et député sous la Constituante, il décrit la machine dont il a demandé la création, pour l’exécution des condamnés à mort.
« Le supplice que j’ai inventé est si doux qu’il n’y a vraiment que l’idée de la mort qui puisse le rendre désagréable. Aussi, si l’on ne s’attendait pas à mourir, on croirait n’avoir senti sur le cou qu’une légère et agréable fraîcheur. »1510
Joseph Ignace GUILLOTIN (1738-1814). Base de données des députés français depuis 1789 [en ligne], Assemblée nationale
Il parlait en poète, de la mécanique qu’en médecin et philanthrope il a fait adopter. Un décret du 13 juin 1793 installe dans chaque département un « appareil de justice ». La guillotine était déjà active à Paris, depuis le début de l’année.
« Guillotin – Médecin – Politique, / Imagine un beau matin
Que pendre est inhumain / Et peu patriotique.
Aussitôt – Il lui faut – Un supplice
Qui, sans corde ni poteau, / Supprime du bourreau / L’office. »1413La Guillotine, chanson. Les Actes des Apôtres (1789-1791), Un journal royaliste en 1789 (1873), Marcellin Pellet
Dansés sur un air de menuet, preuve que tout est bon à chansonner. Premier condamné à mort guillotiné, un voleur de grand chemin, Nicolas Pelletier, exécuté en place de Grève (aujourd’hui place de l’Hôtel-de-Ville), le 25 avril 1792.
« Peuple, je meurs innocent ! »1479
LOUIS XVI (1754-1793), à la foule, place de la Révolution à Paris (aujourd’hui place de la Concorde), 21 janvier 1793. Mot de la fin
Le roi était condamné d’avance. Son procès et son exécution marquent un tournant dans l’histoire de France. Scène maintes fois reproduite en gravures et tableaux, avec le bourreau Sanson qui brandit la tête, face au peuple amassé.
« Il n’existe qu’une sorte de délit à ce tribunal, la haute trahison, et il n’y a qu’une seule peine, qui est la mort. »1529
ROBESPIERRE (1758-1794) réaffirmant la terrible vocation du Tribunal révolutionnaire, Convention, Discours du 25 août 1793
Créé le 10 mars, ce tribunal d’exception juge tout individu suspect de porter « atteinte à la liberté, l’égalité, l’unité, l’indivisibilité de la République ». Le jugement, sans appel, est exécutoire dans les 24 heures. Durant l’été 1793 à Paris : sur 202 accusés, 139 acquittés. Rendement insuffisant. La loi des Suspects (17 septembre) permet d’arrêter « tous ceux qui doivent être considérés comme défavorables au régime nouveau ». Le Comité de salut public et le Comité de sûreté générale sont les deux autres outils du gouvernement révolutionnaire théorisé par Robespierre.
« La Terreur est à l’ordre du jour. »1532
Convention, Décret du 5 septembre 1793
La pression populaire est impressionnante. Une députation du club des Jacobins soutient les sans-culottes à l’Assemblée. Pour éviter d’être débordée, la Convention cède et vote. La Grande Terreur va mériter son nom. Plus de 1 300 exécutions à Paris, du 10 juin au 27 juillet (9 thermidor, jour du coup d’État). En France, 16 600 victimes seront exécutées après condamnation par une cour de justice révolutionnaire – sur près de 500 000 arrestations, de mars à juillet 1794.
« Y a-t-il guillotine aujourd’hui ?
— Oui, lui répliqua un franc patriote, car il y a toujours trahison. »1572Reflet de l’état d’esprit du sans-culotte et du terrorisme légal. Dictionnaire critique de la Révolution française (1992), François Furet, Mona Ozouf
La guillotine est un spectacle, les tricoteuses s’installent au pied des « bois de justice », les patriotes voient les ennemis du peuple bel et bien punis et Robespierre multiplie les discours à la Convention, justifiant inlassablement la Terreur.
« Les têtes tombaient comme des ardoises. »1595
FOUQUIER-TINVILLE (1746-1795), après la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794)
Parole d’accusateur public, chargé de tous les grands procès sous la Terreur à Paris. Fouquier-Tinville se réjouit du nombre de têtes et ajoute : « Il faut que ça aille mieux encore la décade prochaine, il m’en faut quatre cent cinquante au moins. » Et pour cela, on passe commande aux « moutons », chargés d’espionner les suspects dans les prisons.
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