10 mai 1774. Le nouveau règne commence bien et finira mal, pire encore que le précédent !
Louis XVI (surnommé le Désiré) et sa jeune femme Marie-Antoinette bénéficient d’un état de grâce éphémère.
À feuilleter pour tout savoir.
« Mon Dieu, guidez-nous, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ! »1205
(1754-1793) et (1755-1793), Versailles, 10 mai 1774
Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, reine de France et de Navarre ; suivis de souvenirs et anecdotes historiques sur les règnes de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI (1823), Jeanne-Louis-Henriette Genet Campan.
Louis XV à peine mort, les courtisans se ruent vers le nouveau roi. Le petit-fils du défunt roi, âgé de 20 ans, est tout de suite effrayé par le poids des responsabilités, plus qu’enivré par son nouveau pouvoir. Marie-Antoinette est d’un an sa cadette. Pour l’heure, la princesse autrichienne est surtout enchantée de cette popularité qui la flatte, depuis son arrivée en France.
« Or, écoutez, petits et grands,
L’histoire d’un roi de vingt ans
Qui va nous ramener en France
Les bonnes mœurs et l’abondance. »1206Charles COLLÉ (1709-1783), Or, écoutez, petits et grands, chanson (mai 1774)
Le peuple célèbre la montée sur le trône de Louis XVI, surnommé Louis le Désiré. C’est dire les espoirs mis en lui, résumés par la chanson patriotique du nouvel auteur dramatique à la mode. Censurée, mais déjà jouée en privé et très connue, La Partie de chasse de Henri IV peut enfin être donnée en public : elle célèbre le roi le plus populaire de l’histoire et Louis XV souffrait trop de la comparaison. Avec Louis XVI, on peut encore rêver.
« J’ai besoin d’être entouré d’honnêtes gens qui aient le courage de m’avertir de mon devoir. »1197
LOUIS XVI (1754-1793). Revue des deux mondes (1865)
Très consciencieux et même scrupuleux, mais apathique et d’une grande naïveté politique, il ne sait pas toujours s’entourer de bons ministres et, quand il aura les hommes capables de faire les indispensables réformes, il ne saura pas les soutenir contre l’opinion publique ou les privilégiés.
« Il n’aura probablement jamais ni la force ni la volonté de régner par lui-même. »1199
MERCY-ARGENTEAU (1727-1794). Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Argenteau (posthume, 1874)
Ambassadeur d’Autriche à Paris de 1780 à 1790, il note l’inquiétante sujétion du roi vis-à-vis de sa femme, quelques années après leur mariage : « Sa complaisance ressemble à de la soumission. » Mirabeau tentant de sauver la royauté en juillet 1790 soupirera : « Le roi n’a qu’un homme : c’est sa femme. »
« Tout propos soutenu l’accable, toute réflexion le déroute. »1200
MARIE-ANTOINETTE (1755-1793)
La reine parle aussi du roi comme d’un homme aveugle à la nécessité, toujours incertain, peu aimable et pourtant désireux qu’on l’aimât. Il consulte tout le monde, suspecte les avis et ne cède qu’à la lassitude. Honteux alors de sa faiblesse, il revient en arrière, se renfrogne, boude, se dérobe, vole à la chasse ou bien se renferme dans son cabinet.
« Dans les circonstances où se trouve la monarchie française, il faudra au jeune roi de la force et du génie. »1198
FRÉDÉRIC II de Prusse (1712-1786)
Admirateur de Richelieu, de Louis XIV et du Grand Siècle, il porte ce jugement qui vaut déjà condamnation de Louis XVI, après un an de règne. Ce grand politique qui mena la puissance prussienne à son apogée (avec tous les excès de l’autoritarisme et du centralisme) prévoit la course à l’abîme de la monarchie française.
« L’amour de mon peuple a retenti jusqu’au fond de mon cœur. Ah ! l’on peut commander ailleurs, mais c’est en France qu’on règne. »1202
LOUIS XVI (1754-1793), Lettre à Marie-Antoinette
Écrite en prison, quelques mois avant sa mort (1792). Épilogue de cette vie en forme de tragédie historique.
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