Napoléon eut deux épouses et pas de chance, sur ce terrain. Joséphine, son grand amour, ne put lui donner l’héritier impérial tant espéré. Il fit alors un « beau mariage » avec Marie-Louise qui lui fit aussitôt un un bel enfant, l’Aiglon, mais ce fut le commencement de la fin de l’épopée impériale.
Feuilletez notre chronique sur l’Empire pour tout savoir.
« Il n’est aucun sacrifice qui ne soit au-dessus de mon courage, lorsqu’il m’est démontré qu’il est utile au bien de la France. »1842
(1769-1821) annonçant son divorce au château des Tuileries, devant toute la famille impériale, 15 décembre 1809
Histoire du Consulat et de l’Empire (1847), Adolphe Thiers.
Il a pris brutalement cette décision qui lui coûte infiniment, car il est fort épris de Joséphine, veuve Beauharnais. Mais raison d’État oblige : l’empereur, à 40 ans, veut un héritier qu’elle n’a pu lui donner. Les larmes aux yeux, tenant la main de sa femme en pleurs, il lit son discours. « Dieu sait combien une pareille résolution a coûté à mon cœur […] Ma bien-aimée épouse a embelli quinze ans de ma vie ; le souvenir en restera toujours gravé dans mon cœur […] Qu’elle ne doute jamais de mes sentiments, et qu’elle me tienne toujours pour son meilleur et son plus cher ami. »
La sincérité de l’homme ne peut être discutée. La vie du couple fut cependant orageuse : la très jolie Créole a beaucoup trompé le jeune et bouillant Bonaparte, l’empereur (piètre amant, homme pressé, n’enlevant même pas ses bottes) collectionna ensuite les maîtresses. La naissance de son premier enfant naturel (le « comte Léon ») vient de lui prouver que la stérilité ne vient pas de lui.
« Ne conservant aucun espoir d’avoir des enfants qui puissent satisfaire les besoins de sa politique et l’intérêt de la France, je me plais à lui donner la plus grande preuve d’attachement et de dévouement qui ait été donnée sur la terre. »1843
JOSÉPHINE (1763-1814), répondant à Napoléon, 15 décembre 1809
L’impératrice a écrit ces mots que l’émotion l’empêche de lire. Ils sont dits par le secrétaire d’État de la famille impériale, le comte Regnault de Saint-Jean d’Angély. « La dissolution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon cœur : l’empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. Je sais combien cet acte, commandé par la politique et par de si grands intérêts, a froissé son cœur, mais l’un et l’autre nous sommes glorieux du sacrifice que nous faisons au bien de la patrie. » Répudiée pour stérilité, après deux enfants d’un premier mariage, elle a aujourd’hui 46 ans. Le lendemain, l’ex-impératrice quitte les Tuileries pour ne plus jamais y revenir.
« Je me donne des ancêtres. »1844
NAPOLÉON Ier (1769-1821), château de Compiègne, 27 mars 1810. Metternich (1965), Henry Vallotton
« Ivre d’impatience, ivre de félicité », l’empereur apprend la valse (viennoise) et attend sa future femme, Marie-Louise : archiduchesse d’Autriche, descendante de l’empereur Charles Quint et petite-nièce de Marie-Antoinette. Napoléon, de petite noblesse corse (d’origine génoise), évoque volontiers « ma malheureuse tante Marie-Antoinette » et « mon pauvre oncle Louis XVI ». Cette union flatte son orgueil. Il s’est décidé en février, dans une hâte qui a fort embarrassé l’ambassadeur d’Autriche à Paris : même pas le temps de prévenir l’empereur d’Autriche, avant que Napoléon annonce sa décision aux Français ! Mais personne ne peut rien refuser à Napoléon.
« L’Autriche fit au Minotaure le sacrifice d’une belle génisse. »1845
Prince de LIGNE (1735-1814). L’Europe et la Révolution française (1904), Albert Sorel
De Ligne commente le mariage impérial, en authentique et vieux prince autrichien, avec des références mythologiques familières au monde de son temps. Mais qui pense à l’humiliation du père de la mariée, François Ier d’Autriche, empereur romain germanique ? Le mariage de Marie-Louise et de Napoléon a lieu le 1er avril 1810.
« C’est un ventre que j’épouse. »1846
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Le Fils de l’empereur (1962), André Castelot
Napoléon confirme la référence à la « belle génisse » sacrifiée par l’Autriche et assume le rôle du Minotaure prédateur, sans y mettre les formes. Il manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement, plus que d’un mariage. La cérémonie religieuse a lieu le 2 avril 1810. Marie-Louise a 18 ans, il vit une lune de miel de trois semaines qui le comble et sa seconde femme lui donnera un fils, le 20 mars 1811 : le roi de Rome, surnommé l’Aiglon.
« Mon mariage m’a perdu, l’Autriche était devenue ma famille, j’ai posé le pied sur un abîme recouvert de fleurs. »1847
NAPOLÉON Ier (1769-1821). Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858)
En 1810, François Ier, empereur d’Autriche, lui a donné sa fille pour sceller la paix, au lendemain de ses défaites. Trois ans après, conseillé par Metternich, il se joindra aux alliés de l’Europe contre son gendre : sixième et dernière coalition, qui amène la chute de l’Empire. Mais ce mariage catastrophique à divers titres (publics et privés) n’est pas la seule cause !
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