Voltaire juge les institutions, la politique et la société de son temps. Paroles d’un témoin lucide, ironique et naturellement philosophe à tous les sens du terme, précieux pour l’Histoire en citations qui a un faible (coupable ET raisonnable) pour ce « singe de génie / Chez l’homme en mission par le diable envoyé » (Hugo).
Voltaire, plume tout terrain, est aussi historien, comme Hugo, mais dans un tout autre genre, fond et forme. Culture et curiosité encyclopédiques, par ailleurs très français d’esprit, d’où son intérêt pour l’histoire de France et sa prédilection pour le « Siècle de Louis XIV », qu’il juge logiquement en homme de son temps. Le sens critique l’emporte sur la passion : le siècle des Lumières est celui de la raison et de l’intelligence.
Heurs et (petits) malheurs d’une longue vie et d’une belle carrière. Libertin, mais sans excès, courtisan, mais pas servile, intéressé par l’argent et les honneurs, mais payant de son temps et de sa personne s’il le faut, travailleur passionné, mais jamais égaré par ses passions, privilégié conscient de ses privilèges, gardant son humour et sa lucidité en toute circonstance, suprêmement intelligent et complexe, Voltaire suscite autant d’admiration que de haine, entre fascination et jalousie. Rousseau est son meilleur ennemi, dans un duo-duel qui dure encore.
30 mai 1778. Mort de Voltaire qui va droit au Panthéon, comme Hugo : « Voltaire alors régnait, ce singe de génie / Chez l’homme en mission par le diable envoyé. » (Les Rayons et les ombres, 1840).
Premier jour : philosophie de vie au quotidien et jugement sur l’homme qui incarne ce siècle des Lumières.
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Semaine consacrée à Victor Hugo, mort le 22 mai 1885, premier auteur panthéonisé, dans la ferveur populaire des funérailles nationales les plus spectaculaires de l’Histoire de France.
Victor Hugo, prophète en son pays et bien au-delà, reste l’avocat des grandes causes : abolition de la peine de mort et éducation populaire, liberté de la presse et suffrage universel, Révolution et République (encore en danger), socialisme et autres idéologies de gauche (sources de danger), Europe des nations et paix dans le monde.
Le Panthéon est rouvert juste à temps pour accueillir le grand homme du siècle. Fascination et irritation, à vous de juger ce qui l’emporte dans le sentiment qu’il inspire toujours. Pour nous, le choix est fait !
L’homme a le cœur à gauche et le prouve, au prix d’un engagement intellectuel et physique, d’un courage sans faille et d’un sens politique hors norme.
Républicain de retour avec la République (4 et 5 septembre 1870), il incarne la résistance durant le siège de Paris, affamé par les Prussiens. Septuagénaire de choc et star (au-delà des frontières), il paie de sa personne, soutient la résistance et se veut au cœur de l’action, toujours patriote et plus que jamais solidaire du peuple qui souffre.
Hugo, qui a d’abord soutenu Louis-Napoléon Bonaparte, candidat à présidence de la (Deuxième) République, a vite compris le but du futur Napoléon III. Revirement brutal. Entre pamphlets d’actualité, polémiques oratoires et imprécations visionnaires, alternant humour et grandiloquence, il joue les opposants à « Napoléon le Petit » et fustige le « crime » du coup d’État (2 décembre 1851) avec un génie renouvelé, dans un exil (forcé, puis volontaire) de presque vingt ans.
Grand témoin de son siècle - celui des révolutions -, Hugo vibre à chaque émeute et va s’engager d’autant plus qu’il a renoncé au théâtre, après l’échec de son dernier drame, les Burgraves (1843). La scène politique est faite pour lui, qu’il soutienne le pouvoir ou qu’il prenne la tête de l’opposition.
Lyrique face à l’Empire, Hugo est fasciné par le personnage de Napoléon, ce destin hors norme, cette théâtralité constante qui tient la scène du monde pendant vingt ans, jusqu’à la tragédie finale. L’auteur contribue à la légende impériale, née après le désastre de Waterloo (1815) et relancée par la mort de l’Aiglon (1832). Sa haine de Napoléon III nourrit également sa passion pour Napoléon et vice versa.
Cela vaut pour toute une génération romantique, nostalgique d’un passé héroïque dans une « France qui s’ennuie » (Lamartine) et une Europe qui rate toutes ses révolutions.
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