Du Moyen Âge à nos jours, de la chevalerie à l’écologie, la France se révèle le pays des grandes utopies, tout en observant le monde comme il va ou ne va pas : « Le poète en des jours impies / Vient préparer des jours meilleurs. / Il est l’homme des utopies ; / Les pieds ici, les yeux ailleurs. » Victor Hugo (Les Rayons et les Ombres)
Le dictionnaire définit l’utopie : construction imaginaire et rigoureuse d’une société qui constitue, par rapport à celui qui la réalise, un idéal ou un contre-idéal. Par extension, c’est un projet dont la réalisation est impossible, ou plus simplement encore une conception imaginaire.
L’Histoire corrige ce pessimisme : certaines utopies peuvent se réaliser à plus ou moins long terme et peser sur le destin du monde. La Révolution en donne l’exemple, mais aussi la Résistance pendant la dernière guerre.
L’Utopie, écrit en latin et publié en 1516, est l’œuvre de Thomas More, humaniste et théologien de la Renaissance devenu Chancelier d’Angleterre, mais toujours tiraillé entre action et méditation, vie civile active et retrait monacal. Modèle de tolérance mort en « martyr » (selon la légende) et canonisé en 1935 par Pie XI.
Dans sa première édition, l’Utopie se présente assez naïvement comme « Un vrai livre d’or, un petit ouvrage non moins salutaire qu’agréable, relatif à la meilleure forme de communauté politique et à la nouvelle Île d’Utopie. » L’immense retentissement du « petit ouvrage » surprend son auteur. Après la lecture religieuse de l’œuvre au XVIe siècle et la lecture philosophique du texte qui se réfère à Platon, la lecture politique et critique servira de référence au socialisme et au communisme. C’est aussi un genre littéraire à l’origine du mot utopie, entré dans le langage courant par référence à l’Île d’Utopie créée par l’auteur – carte détaillée à l’appui.
Par ordre d’apparition chronologique dans l’Histoire en citations, voici 45 utopies présentées en deux parties.