« Le Tigre et le Président », film franco-belge de Jean-Marc Peyrefitte, oppose Georges Clemenceau dit le Tigre à Paul Doumer le Président, personnage à suivre dans la seconde partie de cet édito.
Clemenceau, acteur majeur de la Troisième République et « dialoguiste » vedette de l’Histoire en citations, reste comme le véritable vainqueur de la Première Guerre mondiale, après une longue vie politique.
Républicain de gauche, maire du populaire XVIIIe arrondissement de Paris en 1871, tentant de réconcilier les irréconciliables pendant la Commune et plaidant en 1876 pour l’amnistie des communards, dreyfusard actif (aux côtés de Zola) en 1898, abolitionniste (contre la peine de mort), anticolonialiste (contre le gouvernement de Jules Ferry) et toujours fidèle à ses convictions, il semble pourtant « irrécupérable » au regard des socialistes pour diverses raisons - bonnes ou mauvaises.
Le personnage a de quoi passionner jusque dans ses zones d’ombre : relations à l’argent, aux femmes… Il possède en prime deux qualités rares chez les hommes d’État : sens de l’humour volontiers cynique et indifférence à sa cote de popularité.
Chaque période de la longue vie du « Tigre » peut être résumée en quatre autres surnoms :
1. le « Tombeur de ministères » (opposant aux politiciens de métier sous la République des camarades)
2. le « Briseur de grèves » (ministre de l’Intérieur autoproclamé « Premier flic de France »)
3. le « Père la Victoire » (chef de guerre à la tête du gouvernement en 1917-1918, c’est aussi « le Vieux » cher aux poilus dans les tranchées)
4. le « Perd la Victoire » (fin de carrière politiquement ratée).
Retiré de la vie politique et gardant le même caractère, Clemenceau restera fidèle à ses engagements et ses amis.
Au-delà de ses critiques sur le régime et le personnel politique, il laisse une citation peu connue et pourtant mémorable, à méditer aujourd’hui encore, hommage au régime républicain et démocratique : « Gloire aux pays où l’on parle, honte aux pays où l’on se tait. »