Il n’existe pas d’État sans fiscalité. Sous la Gaule et au Moyen Âge, il fallait financer les armées, indispensables aux guerres de défense ou de conquête. Au fil de l’Histoire, les besoins se diversifient et les impôts augmentent.
En 2022, le budget de l’État atteindra 300 milliards d’euros. Premier poste, l’Éducation (56,5 milliards). Nul ne conteste l’enseignement gratuit, conquête de la Troisième République. Tous les autres ministères ont leur utilité : Agriculture, Armée (Défense), Culture, Écologie, Économie et finances, Europe et affaires étrangères, Intérieur, Justice, Logement, Pensions et retraites, Recherche et enseignement supérieur, Santé, Transports, Travail et emploi.
Mais la phobie fiscale est un mal bien français ! On peut même parler de « fiscalite » nationale. Les citations de quelques Anglo-saxons disent assez la différence de mentalité. Il faut pourtant distinguer deux périodes.
I. Au Moyen Âge et sous l’Ancien Régime, les révoltes fiscales des Jacques et autres paysans tournent souvent à la tragédie, avec la misère et l’injustice dont le peuple qui travaille est victime, « taillable et corvéable à merci ». Ceux qui prient (le clergé) et ceux qui combattent (la noblesse) sont exemptés d’impôt. Ces privilégiés s’accrochent toujours à leurs privilèges, au siècle des Lumières.
II. La Révolution fait « table rase » (nuit du 4 août 1789). L’histoire contemporaine sera mouvementée et conflictuelle, mais la fiscalité est désormais plus juste, répartie sur toutes les classes sociales et progressive avec l’invention de l’impôt sur le revenu (1916). Malgré des progrès incontestables,
les contribuables contestent et protestent toujours avec autant de talent que de mauvaise foi, la fraude fiscale étant estimée à 80 milliards d’euros. Beaucoup moins de morts et beaucoup plus d’humour dans cette comédie fiscale : « Il faut demander plus à l’impôt et moins aux contribuables. » Tel sera le mot de la fin de cet édito.